La Région de Tadjourah présente des potentialités économiques importantes (voir ci-dessous section I.6). Cependant, une partie importante de sa population est frappée par une très grande pauvreté à cause de la rigueur de son climat, le manque d’eau et l’absence d’activités économiques porteuses.
Des franges importantes de la population vivraient près ou au-dessous du seuil de la pauvreté (‘pauvreté relative’ et ’pauvreté extrême’, voir Encadré 5). En suivant les données nationales, cette pauvreté frapperait plus de 80% de la population, soit environ 8.000 ménages Par ailleurs, comme partout à Djibouti, il y a une forte corrélation entre chômage et pauvreté : en effet, la pauvreté est la plus forte parmi les ménages dont les chefs sont des chômeurs, des travailleurs indépendants ou des inactifs.
Encadré 5 : Les seuils de la pauvreté à Djibouti
Dans la Région de Tadjourah, comme partout ailleurs à Djibouti, la pauvreté monétaire peut être appréhendée à partir de deux seuils de pauvreté:
- Un seuil de pauvreté relative de 584 Fdj (soit 3,3$) par adulte et par jour prenant en compte les dépenses alimentaires et non-alimentaires. En zone rurale, cette pauvreté relative peut atteindre jusqu’à 95% de la population.
- Un seuil de pauvreté extrême de 318 Fdl (soit 1,8$) déterminé sur la base des besoins alimentaires minimaux correspondant à un apport calorifique journalier de 2.115 calories par équivalent adulte.
[Source : Banque Africaine de Développement]
Au-delà des différences entre les systèmes de production locaux– qu’ils soient axés sur l’exploitation de le terre agricole, du cheptel animal ou de ressources halieutiques – ‘le pauvre’ à Tadjourah est ainsi celui qui :
- N’a pas d’accès aux ressources productives disponibles ni de contrôle sur elles (surtout les ressources hydrauliques),
- N’a pas les moyens financiers ou matériels lui permettant d’exploiter les ressources productives ou de les entretenir ou d’en assurer les coûts de fonctionnement (dans le cas surtout des points d’eau) ni enfin la force de travail nécessaire à leur exploitation,
- N’a pas les connaissances techniques appropriées lui permettant d’exploiter d’une manière durable et appropriée la terre et les ressources de la mer,
- N’a pas accès à des services et à des infrastructures sociales de qualité,
- Ne participe pas aux prises de décisions concernant le développement de la région.
Par conséquent, la pauvreté locale a plusieurs dimensions, en particulier par rapport aux différents aspects du capital dont dispose la région :
Par rapport au capital physique :
Le manque d’infrastructures sociales et économiques collectives, comme aussi l’incapacité des infrastructures existantes (surtout forages, puits et réservoirs d’eau, mais aussi écoles et postes de santé) à répondre aux besoins de base des populations.
Par rapport au capital humain :
L’incapacité des services techniques déconcentrés de l’état et des services techniques régionaux d’assumer pleinement leur rôle de fournir un appui-conseil approprié aux populations (à cause, à la fois, du manque de ressources humaines, financières et logistiques, comme aussi de l’étendue du territoire régional et l’inaccessibilité de plusieurs localités). L’incapacité des membres du Conseil régional à assumer pleinement leurs responsabilités (cela étant aussi marqué par toute forme de répartition des compétences entre l’état central et la collectivité, malgré les principes de la décentralisation administrative et politique). L’absence de prestataires privés qualifiés et d’ONG capables d’offrir des services de qualité aux populations. Le manque d’initiatives permettant de donner une formation professionnelle adéquate aux jeunes et aux femmes.
Par rapport au capital naturel :
La sévérité des conditions climatiques, la dégradation naturelle ou humaine de l’environnement, le manque d’eau pour les cultures d’irrigation et l’abreuvement des animaux, la non mise en exploitation de terres cultivables disponibles, le sur-pâturage et la dégradation des rares zones de pâturage, l’incidence de certaines maladies animales, l’absence de ressources ligneuses, et la faiblesse des moyens concernant une exploitation durable des ressources halieutiques potentielles.
Par rapport au capital financier :
L’incapacité des populations à accéder au capital financier,à cause de la quasi-absence de structures bancaires et la faiblesse du réseau de micro-finance. L’insuffisance des moyens financiers au niveau de la Préfecture, ainsi que le manque de fonds d’investissement au niveau du Conseil Régional.
Par rapport au capital social :
Le faible nombre des associations de la vie civile et le manque de moyens et de dynamisme du réseau des associations existantes, le manque de capacités techniques et gestionnaires des responsables des associations, la rareté de groupements de producteurs, en particulier de groupements de femmes, et l’absence de clubs ou centres communautaires pour les jeunes.